Alors que j’écris ces lignes, les réseaux sociaux se parent du drapeau bleu, blanc, rouge et nos compatriotes,
parmi lesquels nombre de nos coreligionnaires, vibrent à chaque coup de pied dans le ballon. Et pleurent, lorsque
la coupe leur passe sous le nez. Qu’ils soient en France ou en Israël, les juifs de France gardent la France au
cœur. Nous, juifs de France sommes fiers d'avoir deux cultures, celle de France, et celle de nos parents. Fondé
sur la pratique ou sur l’identité, le lien qui unit le peuple juif ne peut se dissocier de celui qui unit chaque juif à la
Terre d’Israël. Au peuple israélien. Et les moments difficiles que traversent l’Etat hébreu et ses habitants nous
touchent en plein cœur.
Solidaire, le peuple juif l’est depuis des millénaires. Il semblerait que cette cohésion soit plus solide encore que
par le passé. Peut-être parce que le mouvement d’émancipation qu’est le sionisme a fini par inscrire en lettres de
feu un seul message, au cœur de chaque juif : nous pouvons tous vivre loin d’Israël. Mais pas sans Israël. C’était,
à quelques approximations près, les mots d’Elie Wiesel. C’était aussi, la conviction de Golda Meir et des pères
fondateurs de l’Etat juif. Que l’on soit Séfarade ou Ashkénaze, nous avons tous été élevés dans l'amour d’Israël,
et chaque blessure causée à ce pays, chaque attaque blessant, mutilant ou tuant des Israéliens nous atteint l’âme,
le cœur, et le corps. Les chaînes de prières, les messages de solidarité, les demandes d’entraide le prouvent :
lorsqu’Israël est touchée, c’est tout le peuple juif qui saigne. Peut-être, il faut bien le reconnaître, parce que,
même si nous ne sommes pas tous prêts à tout laisser pour rejoindre la Terre Sainte, nous savons que c’est là-bas
que se trouve notre salut. Cette année encore, bon nombre de nos frères ont décidé de faire leur Alyah. Pour une
majorité d’entre eux, cela veut dire repartir de zéro, et se reconstruire, dans un pays qui n'a pas encore célébré
ses 70 printemps…
Moins de 70 ans, et déjà bien des guerres. De celle d’Indépendance, en 1948, à celle qui a déchaîné les médias
du monde entier et fait d’Israël un état paria parmi les Nations, en 2014, connue sous le nom de « Bordure
Protectrice », un seul fil conducteur : la lente érosion de l’image d’Israël à l’International, au profit d’une cause
terriblement destructrice, y compris pour ceux qu’elle est censée défendre et représenter : le palestinisme.
Dirigeants millionnaires et corrompus, régime politique s’apparentant à une dictature, appel à la destruction
d’Israël et haine farouche des juifs, détournement de l’aide humanitaire, idéologie dangereuse, tout y est et
pourtant rien n’y fait. Les palestiniens passent pour des victimes sacrifiées sur l’autel de l’appétit colonial
d’Israël. Ils peuvent tout se permettre : semer la mort, fomenter des actions terroristes, priver leur propre peuple
de droits fondamentaux, maltraiter les femmes, les homosexuels, éduquer les enfants dans la fascination de la
mort et de la violence, ils auront quand même le beau rôle : celui des combattants de la liberté.
Perdue, pour perdue, la guerre médiatique n’est donc plus, pour Israël, une priorité. Ce que vise désormais l’Etat
hébreu, c’est la sécurité. La victoire est donc celle que l’on peut remporter sur le terrain, en comptant sur des
hommes extraordinaires. Et en imposant notre leadership. Israël était, en 1948, une minuscule parcelle de terre
défendue farouchement par des paysans, des idéalistes et des rescapés de l’enfer concentrationnaire. Un petit
Poucet vulnérable, perdu au milieu d’une forêt de haine. C’est aujourd’hui la première puissance régionale, à
l’économie florissante, dont l’avancée technologique épate le monde entier et détentrice de l’arme nucléaire. Et
si les gesticulations de l’Iran, auquel Barack Obama a donné carte blanche pour menacer Israël, la région et
même le monde, font peur, elles ont au moins le mérite d’ouvrir les yeux des dirigeants arabes. Certains
d’ailleurs, ne s’y sont pas trompés : en Arabie Saoudite, l’envie de tisser des liens avec Israël, qu’ils soient
économiques, scientifiques ou politiques n’a jamais été aussi forte. Je n’en veux pour preuve les propos
rapportés par un businessman du nom de Cohen, qui racontait récemment avoir été accueilli à bras ouvert par
une élite très désireuse de le rencontrer, alors qu’il hésitait, lui, à venir visiter le pays, tant il craignait l’accueil
réservé à un juif !
L’anecdote démontre une chose : ce qui compte aujourd’hui, pour Israël, c’est de tracer sa route, sans se laisser
détourner de son but : permettre à son peuple de vivre en paix, et en sécurité. Ce qui compte aujourd’hui, pour
les juifs du monde entier, c’est de rester unis. C’est ce qui, au fil des siècles, nous a permis de défier tous ceux
qui ont voulu nous exterminer. C’est ce qui nous a permis de renaître des cendres. En particulier, celles de nos 6
millions d’âmes, anéanties par les nazis. Et qui sait ce que deviendront les ennemis d’hier et d’aujourd’hui ? Les
alliés de demain, comme l’Allemagne aujourd’hui ? Je n’ose l’espérer, mais on peut toujours rêver…
Am Israël Haï
Alain Sayada