Il en tremble encore « un peu » mais sur le moment il n’a « pas eu le temps d’avoir peur ». « Je vais peut-être mourir mais je vais l’arrêter », s’est-il dit.Fredj, 28 ans, responsable de l’Européen, une grosse brasserie du boulevard Diderot, face à la gare de Lyon (XIIe), n’a pas hésité à plaquer à terre un individu qui se présentait comme un kamikaze.
Ce lundi, peu avant 14 heures, un automobiliste se gare mal, au ras des terrasses et des bourriches d’huîtres de l’Ecailler. « Je suis sorti pour lui demander de stationner plus loin », relate Fredj. Le conducteur, « petite barbe, maigre, tee-shirt rouge », hurle alors : « Je vais tous vous faire exploser. J’ai une bombe. Vous allez tous mourir ! »
« J’y ai cru », souffle Fred, qui a tout de même « sauté sur le mec », avant de le ceinturer. Panique en terrasse. Un des serveurs accourt. « Il a soulevé le tee-shirt pour voir s’il avait une ceinture explosive. » A l’intérieur de la brasserie, les serveuses appellent le commissariat du XIIe. Entre-temps, deux policiers « qui venaient de la gare de Lyon et passaient avec une baguette sous le bras, sans doute en pause déjeuner, sont venus et nous ont demandé ce qu’il se passait. Puis ils l’ont menotté direct. »
300 personnes évacuéesUne fois le kamikaze présumé neutralisé, Fredj aperçoit « deux passagers sortir de la Peugeot noire et partir en courant vers la gare ». Il les rattrape et leur demande s’ils le connaissent : « Il est fou, le mec ! », nous ont-ils dit. Reste que les policiers ont pris au sérieux la menace de bombe.
Un gros périmètre de sécurité a été établi pendant deux heures. Les voitures ont été déviées. Les démineurs du laboratoire central de la préfecture de police ont été dépêchés mais n’ont rien trouvé. Trois cents personnes ont été évacuées. « Beaucoup de nos clients sont d’ailleurs partis sans payer. On a un trou de 4 000 € dans la caisse ! »
L’alerte a été levée à 15 heures, le restaurant et les commerces ont rouvert dans la foulée. Le pseudo-terroriste a, lui, été placé en garde à vue, avant d’être envoyé en fin d’après-midi à l’infirmerie psychiatrique de la préfecture de police « pour un examen de comportement », précise une source policière. Fredj a de son côté eu droit aux remerciements des forces de l’ordre. « Les flics m’ont dit : S’il y en avait 40 comme vous, on serait bien !»