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La « quenelle » de Dieudonné, geste « antisystème » ou signe de ralliement

PARIS, 29 déc 2013 (AFP) – La « quenelle » de Dieudonné est défendue par ses
partisans comme un potache salut « antisystème », mais ses détracteurs la
considèrent comme un inquiétant signe de ralliement antisémite, popularisé par
un humoriste plusieurs fois condamné pour ses propos sur la Shoah et les juifs.
   Ce geste devenu symbole de la « Dieudosphère » – bras et main tendus vers le
sol, l’autre bras replié touchant l’épaule – Dieudonné l’exécute en mai 2009
sur une affiche de la liste « antisioniste » qu’il conduit aux européennes.
   Lors d’une conférence de presse qu’il tient à l’époque dans son théâtre de
la Main d’Or, il n’y va pas par quatre chemins, déclarant : « l’idée de glisser
ma petite quenelle dans le fond du fion du sionisme est un projet qui me reste
très cher ».
   Petit à petit le geste a gagné en popularité, pour faire désormais l’objet
d’un concours spontané: le but est de « placer une quenelle », c’est-à-dire se
faire prendre en photo en faisant le geste, un peu n’importe où – comme au
parc Astérix, lors d’émissions de télévision, de rencontres de football, au
lycée – puis le diffuser sur internet.
   Mais certains continuent clairement d’associer ce geste à la communauté
juive, en l’exécutant devant des synagogues et jusque dans le camp
d’Auschwitz, ou comme l’essayiste d’extrême droite Alain Soral, vieux complice
de Dieudonné, au milieu du mémorial de la Shoah à Berlin.
   Le geste peut donc être à la fois entendu comme « un geste antisystème tout
court » et un « geste antisystème dirigé contre un complot juif », analyse dans
le JDD Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême droite.
   Il est aussi la marque d’une « sous-culture » un peu « gloubi-boulga » dans
laquelle « les repères idéologiques s’effacent », selon lui.
   « Ca ne m’appartient plus, cette formule magique appartient à la révolution
qui arrive », assure désormais Dieudonné.
   Mais dans le même temps, son épouse a déposé la marque « quenelle », selon
plusieurs journaux. Et ses avocats ont porté plainte avec constitution de
partie civile contre le président de la Licra Alain Jakubowicz, pour avoir
déclaré qu’à ses yeux la « quenelle » était un « salut nazi inversé ».
   Les avocats de Dieudonné menacent aussi de plainte le président du CRIF
Roger Cukierman pour des propos similaires, et de manière plus générale, les
personnes en « responsabilités » qui affirment que le geste est ambigu.
   En face, les associations antiracistes ou celles de la communauté juive
hésitent à aller en justice.
   « Juridiquement, on peut analyser ça comme une injure à caractère racial »,
estime Sabrina Goldman, avocate de la Licra, mais elle se demande « si un seul
geste non accompagné de parole peut être poursuivi ».
   « On ne veut pas aller au procès contre des gens si l’on risque de perdre »,
admet Roger Cukierman.
   gd-rh/cmr/bg

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