Jérusalem, 21 mars 2016 (AFP) – Une ONG israélienne militant contre les
abusen Judée-Samarie a commis une « trahison » en
demandant à des soldats démobilisés de révéler des informations classifiées, a
accusé lundi le ministre israélien de la Défense Moshe Yaalon.
« Un reportage diffusé sur la chaîne +2+ a révélé qu’ils avaient posé à des
soldats des questions qui étaient sans rapport avec la moralité et le
caractère de leur activité », a-t-il déclaré selon des propos rapportés par son
cabinet.
Dans la collecte des témoignages sur leur service militaire, des ex-soldats
ont été interrogés sur « ce qui constitue en réalité des secrets
opérationnels », a-t-il assuré. « Si ces données sont diffusées à l’extérieur,
il s’agit d’une trahison. »
« Pourquoi ont-ils besoin de savoir quel équipement nous utilisons dans les
airs et sur terre (…) et quelles sont nos méthodes d’opération? », a
poursuivi le ministre.
L’ONG « Breaking the Silence » recueille des témoignages de soldats sur des
exactions commises par des militaires israélien en opération dans les
Territoires palestiniens.
Jeudi, la chaîne de télévision privée « 2 » a diffusé un reportage dans
lequel des militants de l’ONG recueillent les témoignages de soldats
démobilisés et leur demandent des précisions sur leurs équipements militaires
et les méthodes utilisées lors de leurs opérations.
Le lendemain, M. Yaalon a ordonné à l’armée d’ouvrir une enquête « pour
déterminer si des soldats démobilisés ont transmis des informations
classifiées ».
Yuli Novak, dirigeante de « Breaking the Silence », a démenti que son
organisation ait violé la loi.
« Je peux dire sans la moindre équivoque que Breaking the Silence ne
collecte pas de renseignements classifiés », a-t-elle assuré vendredi à la
radio publique. « Il s’agit d’une tentative d’intimidation visant à faire taire
tous ceux qui critiquent le gouvernement ».
Le quotidien Haaretz a précisé que les scènes diffusées par la « 2 » avaient
été filmées en caméra cachée par un activiste du groupe de droite nationaliste
« Ad Kan », qui implante des taupes au sein des organisations de gauche et de
défense des droits de l’Homme.
Le mois dernier, cinq ONG israéliennes, dont B’Tselem et « Breaking the
Silence » ont condamné les tentatives de présenter leurs dirigeants comme des
agents étrangers en soulignant que de telles accusations se sont traduites par
des harcèlements et même des menaces de mort.
Au début de l’année, le Parlement israélien a voté en première lecture un
projet de loi controversé qui vise à contraindre les ONG à révéler leur
financement par des gouvernements étrangers.
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