Ahmad Dahmani, 26 ans, a été arrêté en Turquie, où il était arrivé au lendemain des attentats. Il est soupçonné d’être au cœur des préparatifs des attentats de Paris.
Il est soupçonné d’être au cœur des préparatifs des attentats du 13 novembre. Mentionné sporadiquement par les enquêteurs des attaques de Paris, Ahmad Dahmani, 26 ans, a été arrêté en Turquie, où il était arrivé au lendemain des attentats, en provenance d’Amsterdam. L’examen de ses contacts téléphoniques le place désormais au centre des investigations sur les attaques qui ont frappé la capitale et la Seine-Saint-Denis, révèle Le Parisien. Incarcéré depuis trois mois en Turquie, cet intime de Salah Abdeslam, le dernier membre vivant du commando des terrasses, apparaît comme l’intermédiaire entre les revenants de Syrie, où ont séjourné la plupart des terroristes, et l’Europe occidentale, prise pour cible par les suspects.
Condamné pour trafic de migrants. 14 novembre 2015, au lendemain des attentats qui ont fait 130 morts en France, Ahmad Dahmani prend l’avion à Amsterdam, direction Antalya, ville turque où séjourne de nombreux candidats au djihad. Durant deux jours, il s’installe dans un hôtel de luxe du centre-ville, où il est finalement arrêté par la police antiterroriste turque, avertie de sa présence dès sa descente d’avion. Les enquêteurs découvrent que le suspect voyage avec un passeport syrien qu’il a falsifié en y apposant sa photo.
La saisie de son téléphone flambant neuf met en lumière l’orchestration d’un trafic de migrants. Le suspect, qui possède une ligne belge, était en effet en contact avec deux passeurs turcs surveillés par la police locale. C’est donc d’abord pour ces faits, et non pour sa présumée implication dans l’organisation des attentats de Paris, qu’Ahmad Dahmani est incarcéré à la prison d’Alanya. « Depuis, il aurait été condamné lourdement dans cette affaire, mais nous peinons à obtenir des informations précises sur ce point de la part des autorités turques », confie un connaisseur du dossier, interrogé par Le Parisien.
En lien avec deux commandos de Daech. Mais l’affaire ne s’arrête pas là, les enquêteurs poursuivent leur investigations, notamment sur le portable du suspect. Ils découvrent alors qu’Ahmad Dahmani était « en contact avec deux commandos de Daech », selon une source proche du dossier, citée par le journal. Les enquêteurs suspectent Ahmad Dahmadi d’avoir été en lien avec les deux individus arrêtés dans un foyer de demandeurs d’asile à Salzbourg, en Autriche, le 10 décembre 2015. Les deux hommes auraient voulu commettre des attentats dans un autre pays européen que la France. Une piste prise au sérieux par les enquêteurs français, qui ont envoyé à Salzbourg une équipe de la DGSI et de la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire chargées de se renseigner sur les déclarations des deux individus.
Surtout, Ahmad Dahmani est suspecté d’avoir été en lien avec des auteurs des attentats du 13 novembre. Ayant séjourné plus d’un an en Turquie entre le 10 février 2014 et le 24 février 2015, ce Belge d’origine marocaine aurait pu côtoyer Bilal Hadfi, l’un des kamikazes du Stade de France, qui a longuement séjourné dans la station touristique d’Antalya, avant de rejoindre les rangs de l’Etat islamique.
Un compagnon de route d’Abdeslam. Mais c’est avec Salah Abdeslam, le seul terroriste identifié comme étant encore en vie, qu’Ahmad Dahmani aurait le plus bourlingué. Après être passés en France, les deux hommes sont repérés à Bari, en Italie, où ils embarquent, direction Patras, en Grèce. Le 4 août, ils font le trajet inverse. Leur présence pourrait être liée à la préparation logistique des attentats de Paris. Les deux hommes ont-ils réalisé cette traversée pour récupérer des complices ou acheminer du matériel en vue de perpétrer les attaques ? Les policiers de la sous-direction antiterroriste (SDAT) planchent sur ces pistes, soupçonnant les deux suspects d’avoir sillonné ensemble l’Europe en voiture.
Inquiété dans 51 affaires. Salah Abdeslam et Ahmad Dahmani sont tous deux des enfants de Bruxelles. Le dernier y est arrivé en 1995, à l’âge de six ans, après avoir passé le début de son enfance au Maroc, rapporte encore Le Parisien. Trois ans plus tard, sa famille emménage à Molenbeek, une commune de Bruxelles rebaptisée « Molenbeekistan », en raison du nombre important de potentiels candidats au djihad. L’adolescence d’Ahmad Dahmani est sinueuse. Selon les fichiers de la police belge, le jeune homme est inquiété dans 51 affaires : trafic et usage de drogue, violences, outrage, port d’arme ou exhibitionnisme.
L’hypothèse, un temps évoqué qu’Ahmad Dahmani aurait aidé Salah Abdeslam à fuir en Syrie après les attentats, est toutefois éculée. Le jour où le belgo-marocain arrive à Antalya au lendemain des attentats, le portable de l’homme le plus recherché d’Europe borne toujours à Bruxelles, où les enquêteurs ont perdu sa trace.