Istanbul, 2 jan 2016 (AFP) – La Turquie a besoin d’Israël, a déclaré samedi
le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays oeuvre à normaliser ses
relations avec Tel-Aviv, fortement mises à mal depuis 2010.
Membre de l’Otan, la Turquie a longtemps été perçue comme le principal
allié régional de l’Etat juif, avant qu’un assaut meurtrier des forces
spéciales israéliennes contre une flottille turque à destination de Gaza en
2010 ne brouille durablement les deux pays.
« Israël a besoin d’un pays comme la Turquie dans la région », a déclaré le
président turc dont les propos ont été publiés dans les principaux journaux
turcs samedi. « Nous devons également accepter (le fait) que nous avons besoin
d’Israël. C’est une réalité dans la région », a déclaré M. Erdogan.
« Si des mesures mutuelles sont appliquées sincèrement, alors la
normalisation (des relations) suivra », a ajouté le chef de l’Etat turc.
Confrontée à plusieurs querelles de voisinage et désireuse de réduire sa
dépendance gazière envers la Russie, la Turquie oeuvre à améliorer ses
relations avec Israël. Des responsables israéliens ont annoncé à la
mi-décembre qu’Israël et la Turquie étaient parvenus à une série d' »ententes »
pour normaliser leurs relations après des négociations secrètes en Suisse.
Plus mesuré, un responsable turc avait indiqué de son côté que des
« progrès » avaient été effectués en direction d’un « cadre » d’accord, insistant
toutefois sur le fait qu’aucun accord n’avait encore été signé.
Des discussions parrainées par le président américain Barack Obama avaient
conduit en 2013 à des excuses du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu
à l’actuel chef de l’Etat turc Recep Tayyip Erdogan, sans aboutir à une
réconciliation.
Selon des responsables israéliens, la Turquie et Israël se sont entendus
sur une compensation des victimes du raid israélien en 2010, le retour des
ambassadeurs dans les deux capitales, l’abandon des poursuites judiciaires
engagées par la Turquie contre Israël et l’interdiction d’entrée sur le
territoire turc de Salah al-Arouri, haut cadre du Hamas. Ankara n’a jamais
confirmé sa présence en Turquie.
Evoquant de possibles progrès sur le blocus, M. Erdogan a déclaré qu’Israël
avait suggéré qu’il autoriserait le passage des biens et de matériel de
construction pour Gaza s’ils venaient de Turquie.
« Nous devons voir un texte écrit pour garantir que l’accord sera bien
respecté », a ajouté M. Erdogan.
Ce virage sémantique intervient alors qu’Ankara est confronté à la brusque
dégradation de ses relations avec Moscou après le crash d’un bombardier russe
abattu par des chasseurs turcs à la frontière syrienne le mois dernier.
M. Erdogan s’est entretenu en décembre avec le chef du Hamas en exil,
Khaled Mechaal, mais la teneur de leur conversation n’a pas été dévoilée.
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