Bruxelles, 20 déc 2015 (AFP) – Salah Abdeslam, soupçonné d’avoir joué un
rôle clé dans les attentats de Paris, a réussi à passer trois contrôles de
police en France avant de s’échapper en Belgique, a indiqué dimanche à l’AFP
une source proche de l’enquête en Belgique.
Confirmant un article paru dimanche dans le quotidien français Le Parisien,
cette source se fonde sur le témoignage de Hamza Attou, soupçonné avec
Mohammed Amri d’avoir exfiltré Salah Abdeslam vers Bruxelles au lendemain des
attaques.
Selon cette source, lorsque Hamza Attou et Mohammed Amri retrouvent en
France Salah Abdeslam, leur ami de Molenbeek, qui leur a indiqué par textos
comment aller le chercher, il est « agité… pas à l’aise… pas bien ».
Puis il les menace: « Il nous a dit de le ramener à Bruxelles, sinon il
ferait exploser la voiture ». Et pour les persuader, Salah Abdselam se vante
d’avoir abattu des gens à la kalachnikov, ajoutant que son frère Brahim s’est
fait exploser et que lui, le seul survivant, est le « dixième » terroriste.
Il déclare également « qu’il a laissé la carte d’identité de son frère dans
la voiture (il ne précise pas laquelle, ndlr) pour qu’il soit connu dans le
monde entier comme Coulibaly ».
Le 8 janvier dernier, Amédy Coulibaly avait tué une policière et blessé un
agent municipal à Montrouge, au sud de Paris, avant de prendre en otages, le
lendemain, les clients et employés d’un supermarché casher de Paris. Il avait
tué quatre d’entre eux, tous juifs, et avait été abattu dans l’assaut donné
par la police.
D’après le récit d’Attou, Abdeslam « dit qu’il allait venger son frère et
critique les juifs ».
Pour éviter les contrôles policiers, Salah Abdeslam demande à ses deux
convoyeurs d’emprunter les petites routes, mais ils se perdent et se
retrouvent sur l’autoroute de Belgique. Il leur dit de rouler doucement.
Ils n’évitent pas les barrages et subissent trois contrôles, en France. Au
premier, le policier leur demande « s’ils ont consommé ». Salah reste silencieux
sur la banquette arrière.
Amri et Attou répondent « oui » puisqu’ils viennent de fumer un joint. « Le
policier a dit que ce n’était pas bien, mais que ce n’était pas la priorité
aujourd’hui ». Il ne leurs demande pas leurs papiers.
Ce n’est qu’aux deuxième et au troisième contrôle que leur identité est
contrôlée.
Au dernier, près de Cambrai, Salah donne même son adresse de Molenbeek. A
cet instant, il n’est pas encore recherché.
Au troisième contrôle, quand les trois comparses prennent de l’essence,
Salah Abdeslam « va aux toilettes et revient la veste ouverte ». Ses convoyeurs
n’y voient aucune ceinture d’explosif ni kalachnikov.
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