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Nucléaire iranien: deux jours de discussions à Genève pour avancer vers un accord. Par Pierre TAILLEFER

 

GENEVE, 07 nov 2013 (AFP) – L’Iran et les grandes puissances se retrouvent
jeudi pendant deux jours à Genève pour négocier un accord sur le programme
nucléaire controversé de Téhéran, les Américains espérant cette fois « un
premier pas » dans la voie d’un réglement.
« Je crois qu’il est possible d’obtenir cet accord cette semaine mais je ne
peux parler que de notre point de vue », a déclaré mardi à la chaîne de
télévision France 24 le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif,
qui mènera l’équipe de négociation à Genève.
Côté occidental le ton est plus réservé, « les discussions nucléaires sont
complexes et entrent dans une phase sérieuse », a déclaré à l’AFP Michael Mann,
le porte parole de Catherine Ashton, la diplomate en chef de l’Union
européenne ,qui préside les travaux. Il a rappelé que les participants ont
décidé de garder « secret » le contenu des discussions par souci d’efficacité.
« Nous espérons accomplir des progrès concrets », a-t-il dit.
Israël a toutefois levé un coin du voile sur le contenu des discussions en
appelant mercredi les grandes puissances à rejetter une éventuelle proposition
de l’Iran, qualifiée de « mauvaise ».
« Au cours des dernières heures, Israël a appris qu’une proposition allait
être faite aux 5+1 à Genève dans laquelle l’Iran cessera toutes ses activités
d’enrichissement (d’uranium) à 20% et ralentira ses travaux sur le réacteur à
eau lourde d’Arak, en échange d’un allègement des sanctions », a déclaré un
responsable israélien à l’AFP.
« Israël pense que c’est un mauvais accord et va s’y opposer fermement », a
ajouté ce responsable s’exprimant sous le couvert de l’anonymat
Un haut responsable américain a de son côté dit espérer « un premier pas »
vers l’arrêt de ce programme nucléaire controversé, notant un « changement clé »
dans la position iranienne.
« Ce que nous attendons maintenant est une première phase, un premier pas,
un accord initial qui arrête la progresion du programme nucléaire iranien pour
la première fois depuis des dizaines d’années et potentiellement le fait
revenir en arrière », a affirmé ce responsable sous couvert d’anonymat. En
échange Washington est prêt à « offrir un soulagement dans les sanctions,
limité, ciblé et réversible sans toucher dans ce premier pas à l’architecture
de ces sanctions ».
« Nous avons fait des progrès mais il y a encore beaucoup de suspicion en
Iran sur le comportement et l’approche de certains membres du groupe des 5+1 »
(Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne), a prévenu M.
Zarif.
Les négociateurs sont sous pression à Washington, avec un Congrès de plus
en plus impatient de durcir encore les sanctions économiques contre l’Iran et
à Téhéran , avec l’aile dure du régime, opposée à toute concession sur
l’enrichissement d’uranium qu’elle considére comme un droit. Elle se déclare
également très susipicieuse quant aux intentions américaines.
Les négociateurs iraniens avaient réussi lors de la réunion de la
mi-octobre à Genève a détendre pour la première fois l’atmosphère et à engager
un dialogue subtantiel, pour la première fois directement en anglais, entre
tous les participants.
Ils ont reçu dimanche le soutien de poids du Guide la révolution,
l’ayatollah Ali Khamenei, qui a le dernier mot sur ce dossier stratégique, et
a appelé à ne pas les « affaiblir » dans « leur mission difficile ».
Les représentants américains ont pour leur part plaidé pour que le Congrès
accorde une « courte pause » à l’administration, avant un nouveau train de
sanctions contre Téhéran, afin de laisser une chance à la diplomatie.
Le Département d’Etat américain a admis que les négociations étaient
« dures » et qu’il y avait « une profonde histoire de méfiance » entre les deux
pays.
Une autre négociation au long cours avec l’Agence internationale de
l’énergie atomique (AIEA) pourrait par ailleurs porter ses fruits. Son chef
Yukiya Amano est invité à Téhéran le 11 novembre pour une visite pendant
laquelle un accord pourrait être signé, a annoncé mardi le chef de
l’Organisation nucléaire iranienne, Ali Akbar Salehi.
L’AIEA, qui enquête sur le nucléaire iranien depuis plus d’une décennie,
veut « résoudre les questions en suspens » sur une possible dimension militaire
du programme.
Les Occidentaux et Israël sont déterminés à stopper le programme iranien
d’enrichissement d’uranium, soupçonné d’être destiné à fabriquer une arme
atomique, ce que nie Téhéran qui revendique son droit au nucléaire civil.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu recevant mercredi le
Secrétaire d’Etat américain John Kerry a répété qu’il attendait « un
démantelement total, complet et pacifique des capacités d’armements nucléaires
de l’Iran, la fin de tout enrichissement, de toutes les centrifugeuses et la
fin du réacteur au plutonium ». Il s’est dit « trés préoccupé » par tout accord
partiel qui permettrait à l’Iran de maintenir ses capacités et réduirait les
sanctions.
« Nous ne engagerons pas dans un mauvais accord si un accord ne peut pas
être trouvé », a rappelé John Kerry.
mm-pjt/ob

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