TORONTO (Canada), 05 nov 2013 (AFP) – Les avocats du principal suspect de
l’attentat de la synagogue de la rue Copernic à Paris il y a 33 ans ont mis en
doute lundi à Toronto la crédibilité des preuves pour tenter d’éviter
l’extradition à leur client.
Les avocats du Libano-Canadien Hassan Diab, un ancien professeur de
sociologie à l’université d’Ottawa, ont remis en question une analyse
graphologique, élément-clef du dossier à charge, trouvant qu’elle était
« truffée d’erreurs ».
M. Diab conteste son implication dans cet attentat, qui avait fait quatre
morts, et a fait appel de la décision du gouvernement canadien en avril 2012
de l’extrader vers la France, même si la cour avait précédemment souligné la
« faiblesse » du dossier à son encontre.
Devant la cour d’appel de l’Ontario, Me Marlys Edwardh a cherché à
discréditer l’analyse graphologique réalisée par une experte française, Anne
Bisotti, en s’appuyant sur l’opinion de cinq autres experts.
Les analyses graphologiques sont cantonnées à une fiche d’hôtel remplie en
scripte par un certain Alexander Panadriyu qui s’est révélée être une fausse
identité utilisée, selon la police française, par Hassan Diab. Ce dernier
aurait acheté une moto et déposé les explosifs dans les sacoches avant de
l’abandonner aux abords de la synagogue de la rue Copernic le 3 octobre 1980
en début de soirée.
L’analyse graphologique de Mme Bisotti, selon l’avocate, n’a pas été
réalisée selon « une méthodologie conforme » et la signature au bas de la fiche
d’hôtel n’est qu’un « écran de fumée » dans la décision d’extrader Hassan Diab.
Ce dernier, qui aura 60 ans dans quelques jours, se dit victime d’une
homonymie et clame son innocence, soutenant qu’il était étudiant à Beyrouth au
moment des faits.
Pour Me Edwardh, le ministre de la Justice Rob Nicholson a commis l’an
dernier une erreur en autorisant l’extradition de M. Diab sur la base de
l’analyse graphologique.
Des preuves obtenues sous la torture
L’analyse de Mme Bisotti était la troisième soumise par la France en appui
à sa demande d’extradition, les deux précédentes ayant été rejetées par la
cour après que la défense a soulevé des objections.
La défense a également attaqué l’origine de preuves qui auraient été
obtenues sous la torture par les services secrets syriens lors
d’interrogatoires annexes. Le ministre de la Justice aurait dû faire une
« enquête poussée pour s’assurer » que « personne n’est expulsé » du Canada sur la
base de preuves arrachées sous la torture.
Pour Daniel Sheppard autre défenseur du suspect, la preuve contre Hassan
Diab vient d’une source non authentifiée du renseignement français et ne peut
en conséquence être considérée comme fiable. Les débats ont alors dévié sur le
rôle des services de renseignements dans la défense des citoyens et la
prévention des actes terroristes.
« Nous combattons tous » le terrorisme et « nous ne disons pas que la France
est la seule avec un système injuste », a poursuivi Me Sheppard en soulignant
qu' »une réponse civilisée n’est pas d’intenter un procès contre des personnes,
la réponse civilisée est d’avoir un procès juste ».
L’avocate de l’association des libertés civiles Anil Kapoor a estimé
qu’aucune « procédure pénale ne peut sur le fond être jugée recevable » quand
les preuves sont non sourcées et non remises dans le contexte. « Ce n’est pas
la façon dont nous menons les procès au pénal ».
Après une brève arrestation à Ottawa, Hassan Diab avait été remis en
liberté en mars 2009 et placé sous contrôle judiciaire. Il a été placé en
détention le temps de l’examen en appel de son extradition.
L’audience de la Cour d’appel de l’Ontario devait se poursuivre mardi avec
les réponses du ministère public. La décision devrait ensuite être mise en
délibéré.
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