Jérusalem, 27 oct 2015 (AFP) – Une ONG israélienne a indiqué mardi qu’elle
poursuivait Facebook en justice pour ne pas avoir bloqué des pages
encourageant le meurtre de juifs, après une vague d’attaques de Palestiniens
ayant fait neuf morts israéliens depuis le 1er octobre.
Nitsana Darshan-Leitner, la directrice de Shurat HaDin qui a déposé la
plainte lundi devant un tribunal de New York, a affirmé que son organisation
tenait le géant d’internet responsable de publications incitant à la violence.
Elle appelle la compagnie à supprimer plus de 1.000 pages incendiaires selon
elle et d’améliorer ses mécanismes de surveillance, mais ne demande pas de
dédommagements financiers.
Facebook « peut dire quel café vous buvez le matin, vous soumettre des
publicités ou me mettre en contact avec des amis ayant les mêmes intérêts, il
peut donc surveiller ces menaces et supprimer les publications qui encouragent
ou glorifient les attaques terroristes », a-t-elle indiqué à l’AFP.
Environ 20.000 Israéliens ont soutenu la démarche en signant une pétition
en ligne, a-t-elle ajouté.
Parmi les pétitionnaires figure Richard Lakin, un américano-israélien
victime d’une attaque dans un bus de Jérusalem-Est il y a deux semaines.
L’homme a succombé mardi à ses blessures. Après son agression, sa famille
avait décidé d’inscrire son nom sur la pétition.
Son fils, Micah Avni, a déclaré aux journalistes que son père était un féru
de réseaux sociaux.
« L’un des éléments qui émerge du tragique et horrible évènement qui est
arrivé à mon père est la nécessité de repenser la manière dont nous regardons
les réseaux sociaux », a-t-il déclaré.
Depuis le 1er octobre, les territoires palestiniens, Jérusalem et Israël
sont le théâtre d’une spirale de violences qui a fait d’un côté 57 morts, des
Palestiniens et un Arabe israélien – pour la grande majorités des auteurs d’attentat -, et
de l’autre neuf morts israéliens majoritairement des civils.
– ‘Sans fondement’ –
« Cette action en justice est sans fondement et nous nous défendrons
vigoureusement », a réagi Facebook dans un communiqué.
« Nous voulons que les gens se sentent en sécurité lorsqu’ils utilisent
Facebook. Il n’y a aucune place pour les contenus encourageant la violence,
les menaces directes (…) ou un discours de haine sur Facebook », selon le
communiqué.
« Nous appelons les internautes à utiliser nos outils de signalement s’ils
trouvent un contenu qui ne respecterait pas nos règles, nous pourrons alors
enquêter et agir rapidement », poursuit le géant des réseaux sociaux.
« Jusqu’à présent les personnes ayant dénoncé un discours de haine sur
Facebook n’ont pas pu prouver que ces incitations ont conduit (directement) à
un réel et imminent danger », a toutefois déclaré la directrice de Shurat HaDin.
L’absence de force politique à la tête du mouvement de la jeunesse
palestinienne a laissé une place d’autant plus grande aux réseaux sociaux sur
lesquels sont partagés et commentés les vidéos des attaques ou les
affrontements entre jeteurs de pierres palestiniens et forces de sécurité
israéliennes.
Nitsana Darshan-Leitner envisage par ailleurs d’engager des actions
similaires contre d’autres réseaux sociaux dont Twitter et Youtube.
Shurat HaDin a assisté des citoyens américains dont des proches avaient été
tués ou qui avaient eux-mêmes été blessés dans six attentats au cours de la
deuxième Intifada (2000-2005) et qui ont obtenu en février devant un tribunal
de New York la condamnation de l’Autorité palestinienne et de l’Organisation
de libération de la Palestine à plus de 655 millions de dollars d’indemnités.
Les Palestiniens ont annoncé leur décision de faire appel.
jod/fb/scw/nbz