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Statut des réfugiés syriens et statut des réfugiés palestiniens. par Evelyne Gougenheim

 

Les récents efforts mis en œuvre pour venir en aide aux migrants, ou réfugiés selon les

débats, pourraient utilement être revus selon le modèle mis en œuvre par l’UNRWA,

organisme créé en 1949 par l’Onu pour venir en aide aux réfugiés palestiniens.

L’UNRWA

L’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le

Proche-Orient (UNRWA – United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in

the Near East en anglais) est un programme de l’Organisation des Nations unies pour l’aide

aux réfugiés palestiniens dans la Bande de Gaza, en Cisjordanie, en Jordanie, au Liban et en

Syrie. Son but est de répondre aux besoins essentiels des réfugiés palestiniens en matière

de santé, d’éducation, d’aide humanitaire et de services sociaux, ce qui fait que les réfugiés

palestiniens sont les seuls réfugiés au monde à ne pas dépendre du Haut Commissariat des

Nations unies pour les réfugiés (source Wikipedia). La résolution de l’Onu a clairement

désigné les réfugiés palestiniens en Syrie, comme pouvant bénéficier d’une telle aide. Cela

ne s’appliquerait pas aujourd’hui aux réfugiés syriens? Seule la dénomination de

« palestinien » ouvrirait le droit à la mise en œuvre de programmes sociaux, culturels,

scolaires ? Rappelons que le budget moyen alloué à l’UNRWA en 2013 par exemple était de

552 millions de dollars pour le budget permanent et de 572 millions pour le budget non-

récurrent, un total de 1 124 000 000 $ pour l’année 2013. Il convient de préciser que

l’UNRWA ne parvient pas à équilibrer ses comptes et cherche de nouveaux pays

contributeurs. Soyons rassurés la France est déjà l’un des très gros contributeurs. Ce budget

s’entend hors des contributions directes des pays à l’Autorité palestinienne.

Un statut héréditaire

La population dite palestinienne dont le dénombrement approximatif en 1949 était de

700 000 personnes est estimée aujourd’hui grâce à la décision de l’Onu, à près de 5 millions

de personnes, l’avantage du statut très particulier de réfugié palestinien. Par an et non pas

pour les 65 ans écoulés depuis l’octroi généreux de ce statut, soit pour les réfugiés, leurs

enfants, petits-enfants, arrières petits-enfants et ainsi de génération en génération jusqu’à

ce que le monde soit occupé à 80% de réfugiés palestiniens, qui , il est vrai, ont beaucoup

d’enfants. Les réfugiés palestiniens sont depuis 65 et jusqu’à ce jour, les seuls réfugiés au

monde à bénéficier d’un tel statut.

60 millions de réfugiés dans le monde en 2014

Pourquoi les réfugiés syriens ne pourraient-ils eux aussi bénéficier du même statut

héréditaire de réfugié, ainsi que d’aides internationales spécifiques ? Dans dix ans ou dans

quarante ans, le problème créé par cette population maintenue artificiellement dans le

statut de réfugié, permettrait de mieux saisir la problématique du conflit israélo-palestinien

générée et entretenue par la création de ce statut aux droits héréditaires. Car, ne peut-on

s’interroger sur l’attention très particulière pour les dits 700 000 réfugiés palestiniens de

1949 .

L’année 2013 a vu croître le nombre de réfugiés de 45,2 à 51,2 millions de personnes. Les

déplacements forcés dans le monde dépassant les 50 millions de personnes pour la première

fois depuis la Seconde Guerre mondiale. Ils approchent en 2014, 60 millions de personnes,

comme le souligne le Haut Commissariat de l’Onu pour les Réfugiés.

Pourquoi Israël , seul Etat juif au monde, grand comme deux petits départements français,

aurait-il le triste privilège d’être le seul pays dont les réfugiés bénéficient d’un droit

imprescriptible au retour, ainsi que d’un droit statutaire héréditaire et enfin des droits à

une assistance  financière infinie ?

Je ne peux m’empêcher de transcrire quelques extraits d’une intervention des représentants

syriens sors d’une Commission spéciale de l’Onu dédiée aux réfugiés palestiniens en 2008. «

a rappelé que la résolution 181 (1947), créant l’État d’Israël, était liée à la résolution

194 (1948) concernant les réfugiés palestiniens et leur droit imprescriptible au retour

« En 2014 seulement 126 800 réfugiés ont pu retourner dans leur région, c’est le nombre le

plus faible en trente et un ans » note dans son constat le Haut Commissariat aux Réfugiés. En

2014, 126 800 réfugiés ont pu retourner dans leur pays sur plus de 59 millions de réfugiés !

A la lumière des événements actuels, cette diatribe contre « l’entité sioniste » du délégué

syrien pourrait prêter à sourire, si elle n’était pas si tragiquement illustrée.

En ces jours où chaque bulletin d’informations annonce des violences palestiniennes lâches

et barbares contre la population civile israélienne, en ces jours où chaque bulletin

d’information raconte les atrocités commises par Daesch, il serait bon que la communauté

internationale ouvre les yeux sur les réfugiés qui sont selon les statistiques allemandes sont

à + de 75% sont des hommes, jeunes. Non des femmes et des enfants : oubliés ou

abandonnés ? Alors que les statistiques du Haut Commissariat aux Réfugiés pour 2014

précisent que sur les 59 millions de réfugiés, « Plus de la moitié de la population réfugiée est

composée d’enfants ».

Je suis pour que le statut des réfugiés syriens soit aligné sur le statut des réfugiés

palestiniens et leur ouvre les mêmes droits statutaires et financiers de génération en

génération.

Je suis pour que tous les réfugiés du monde bénéficient du statut des réfugiés palestiniens.

  Evelyne Gougenheim 

http://www.lemonde.fr/international/article/2015/06/18/60-millions-de-refugies-en-2014-selon-le-hcr_4656597_3210.html#VY0W17MucmWXqbmh.99

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