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Edito de Alain SAYADA « Migrants : au-delà de l’émotion,l’Incomprehension »

Il avait de jolis petits vêtements, de jolies petites chaussures. Preuve que ses parents ne

rêvaient que d’une chose : lui donner un avenir, loin de la terreur, de la torture, de la

tristesse, cortège sordide d’horreurs que la violence islamiste répand au quotidien sur lelogo israel actualites

monde entier désormais. La photo de ce petit bonhomme, mort pour avoir tenté de fuir la

guerre, son petit corps inerte jeté sur une plage de Turquie a fait taire le monde entier.

Après lui, le silence, la honte, les larmes aussi. Quel monde autorise que des bébés meurent

ainsi, parce que des monstres ont transformé leur terre, leur pays en champs de bataille et

semé la terreur et la destruction. Quel homme, quel femme en voyant cet enfant, n’a pas

pensé à ses propres enfants ? N’a pas pleuré de rage en se disant si seulement…

Après l’émotion et les larmes vient le temps des questions. Et des incompréhensions. La

première est celle, légitime, de l’accueil de ces migrants. Israël, comme tous les pays du

monde, se la pose et avec elle, l’ensemble de sa classe politique. A commencer par Isaac

Herzog, chef du parti travailliste, qui, si j’ai bien compris sa proposition, demande, au nom

des droits de l’homme, que ces réfugiés soient accueillis en Israël.

C’est donc à Israël, petit pays à peine grand comme un département français, que l’on

demande un effort pour gérer la grave crise migratoire qui secoue le monde. A Israël

qu’échoue la mission humanitaire de sauver ces réfugiés, qui, je le rappelle, viennent d’un

pays avec lequel l’Etat hébreu est en guerre depuis sa création, à savoir 67 ans ?

Quel effort, en parallèle exige-t-on des pays arabes de la région ? Quel effort ont-ils faits

pour aider leurs frères musulmans ou chrétiens en proie aux souffrances intolérables que

sèment Daesh, Bashar Al Assad et toutes les mouvances extrêmistes islamistes ? Aucun.

C’est donc, si j’ai bien compris, encore à Israël d’être plus royaliste que le Roi ?

Pourquoi les Etats arabes, (le Maroc, la Tunisie, l’Algérie…), les Pays musulmans (L’Iran, le

Pakistan, la Turquie, le Liban…) ou bien les pays du Golfe (les Emirats Arabes, le Qatar,

l’Arabie Saoudite….) ne font-ils rien, pour eux ? Faut-il comprendre que ces Syriens

déracinés, désespérés au point d’embarquer leurs bébés sur de frêles esquifs ou dans des

camions réfrigérés sont moins « leurs frères », que les Palestiniens qu’ils défendent avec

ferveur ?

Et l’Occident dans tout cela ? Pourquoi un tel immobilisme ? Trop occupé à offrir la bombe

atomique sur un plateau d’argent à l’Iran, premier argentier du terrorisme, Barack Obama

n’a-t-il pas une seconde de compassion à perdre pour ces populations ? Pourquoi les

Américains ne mettent-ils pas en place un pont aérien pour les sauver, au lieu de donner des

leçons de démocratie à Israël ?

Pourquoi, l’Etat juif doit-il se substituer au manque d’humanité du monde entier ?

L’autre question qui dérange, dans le cas d’Israël mérite d’être posée : Israël doit-il accueillir

en son sein des hommes et des femmes qui, jusqu’à présent, n’ont jamais envisagé l’Etat

hébreu que comme un furoncle sur la carte du Proche-Orient. Une plaie dont il faut se

débarrasser.

Est-ce bien raisonnable, pour un si petit pays, de faire entrer une population qui pourrait

potentiellement se retourner contre lui ? Mettre en danger le caractère juif d’Israël tout

autant que les fondements de sa démocratie ?

La photo, si triste, si sordide soit-elle, aura eu au moins le mérite d’agiter l’opinion publique.

Et de faire sortir de leur bienheureuse torpeur les gouvernements du monde entier. Le chaos

qui est à l’origine de cette grave crise migratoire et de ses horribles conséquences est aussi

le fruit des Occidentaux. En laissant les terroristes libres de livrer à toutes les exactions

possibles au Proche-Orient comme en Europe, en focalisant l’attention et la haine sur Israël

et ses prétendus crimes de guerre, au lieu de dénoncer et de lutter contre la folie et la

violence extrême de ces fous de dieu, Les Américains, les Européens et l’ONU ont semé la

mort et la dévastation par leur indifférence et leur absence de réaction. Leur part de

responsabilité est écrasante, sans appel.

Un élan de soutien et de solidarité a fait lever les populations au lendemain de la publication

de ce terrible cliché. Humains, les peuples ont demandé des comptes à leurs responsables

politiques. Combien, pourtant, d’enfants migrants sont morts, sans que personne ne s’en

soucie, depuis le début de ce conflit ? L’émotion, hélas, n’a qu’un temps. Les sondages

montrent que les réfugiés ne sont pas les bienvenus en Europe. Tous les partis d’extrême-

droite sont en hausse. Entre émotion et frilosité, peur de l’autre et solidarité, l’Occident se

dandine d’un pied sur l’autre.

Mais revenons à la place d’Israël dans ce débat, dans cet échiquier. « Vous avez oublié ce

que c’est d’être juif », a accusé Herzog dans un post Facebook à l’intention du Premier

ministre israélien qui soulignait l’incapacité d’Israël à accueillir ces réfugiés. Et de rappeler

qu’en 1977, l’ancien Premier Ministre Menahem Begin (zal), avait autorisé 66 Vietnamiens

fuyant les persécutions à s’installer en Israël. Rapprocher ces deux événements n’a aucun

sens. D’abord parce que 66 Vietnamiens et des milliers de réfugiés, cela n’a rien de

comparable. Ensuite parce que 66 Vietnamiens ne mettaient pas en danger le principe

d’existence même de l’Etat d’Israël, à savoir le fait qu’il s’agisse du pays donné au peuple

juif. Enfin parce que ces 66 Vietnamiens n’étaient pas et n’avaient jamais été des ennemis

héréditaires d’Israël.

« Les Juifs ne peuvent pas être apathiques lorsque des centaines de milliers de réfugiés sont

à la recherche d’un refuge, » a dit monsieur Herzog, se référant à la situation des Juifs

d’Europe juste avant l’Holocauste.

Justement, ils ne le sont pas : Israël a été l’un des premiers pays à apporter son aide aux

blessés de tous bords, depuis le début de ce conflit, en installant un hôpital de campagne

dans le Golan. Israël est le premier des pays à faire entendre sa voix dans le concert des

Nations, pour demander qu’enfin le terrorisme islamisme soit vaincu, qu’on arrête de le

financer, qu’on l’aide à le combattre. Sans grand succès…

L’humanité, la vraie, voudrait qu’au lieu de fournir un asile de fortune, et des soins de

première nécessité à ces déracinés, on fasse en sorte qu’ils puissent couler des jours

heureux et paisibles chez eux, là où sont leurs racines, sans avoir peur qu’on viole ou

kidnappe leurs femmes, qu’on décapite leurs proches, qu’on enterre vivants leurs enfants.

Puisque Daesh fait l’unanimité contre lui dans le monde entier, pourquoi une telle torpeur,

pourquoi aucune action militaire ?

La bien-pensance et l’indignation ne sauveront personne et faire entrer des milliers de

réfugiés musulmans en Israël ne résoudra pas la crise. Bien au contraire. Ce serait ajouter

aux difficultés de la société israélienne et mettre en péril l’existence du pays. Benjamin

Netanyahu a des enfants, comme nous. Comme nous, il a été ému devant cet horrible cliché.

Mais lui a la responsabilité d’un pays et doit trancher. Faisons-lui confiance…

Am Israel Hai

Alain Sayada

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