Dans une interview au « JDD », l’acteur français indique qu’il a été la cible de menaces et d’insultes après sa conversion au judaïsme.
Le rire comme arme, Dany Boon l’a choisi très tôt. Dès son plus jeune âge, comme il le confie ce dimanche au JDD. « Dès mon enfance, j’ai connu le rejet avec un père kabyle musulman laïque et une mère catholique », raconte-t-il au journal. « J’ai vu le racisme contre les Kabyles de la part des Algériens, mais aussi l’exclusion de ma famille maternelle qui prenait mon père pour un Arabe. J’étais une minorité dans ma propre famille », explique-t-il.
Alors, oui, le comédien se dit « rodé en matière de racisme ». Encore plus depuis qu’il s’est converti, il y a 13 ans, au judaïsme. Il se rappelle encore d’une remarque d’un journaliste à ce sujet : « Maintenant que vous êtes juif, vous êtes riche. » Ce à quoi il avait immédiatement répondu : « J’étais riche quand j’étais catholique et il existe aussi des juifs pauvres. » J’ai compris que ma conversion était réussie quand, j’ai été inondé d’insultes et de menaces anonymes. C’était il y a treize ans, et ça continue encore aujourd’hui.
« L’esprit Charlie est toujours vivant »
Dans cet entretien, Dany Boon revient également sur la marche du 11 janvier consacrée aux victimes des attentats de Charlie Hebdo. Un événement qui l’a « bouleversé ». « J’étais venu exprès de Los Angeles pour participer à ce formidable élan national », se souvient-il. « Je n’étais pas dans le cortège VIP avec les chefs d’État, je voulais me joindre à la foule. » Pour l’acteur français, « l’esprit Charlie » est en tout cas « toujours vivant ». Même si « chacun est rentré chez soi » et que « le problème demeure ».
« Le problème » ? « C’est une secte très puissante qui n’a rien à avoir avec la religion », indique le comédien, qui parle de jeunes désocialisés, fragiles, qui n’ont reçu aucune éducation religieuse et qui tombent, du coup, « dans le panneau ». Dany Boon sait toutefois pertinemment qu’il y aura « toujours des gens pour faire des amalgames avec l’islam et les musulmans ». Il rappelle d’ailleurs un récent événement, l’affaire du bikini de Reims, qui avait créé l’emballement médiatique. « Certains se sont sentis immédiatement obligés de dire attention, il ne s’agit pas d’un conflit religieux. Cela en dit long sur l’état de l’opinion en matière d’islamophobie. »