Moins de six mois se sont écoulés depuis qu’Israël a officiellement présenté ses excuses à la Turquie, mais le geste peut déjà être défini comme une énorme erreur. Le gouvernement israélien s’est agenouillé devant Ankara et a demandé pardon pour un péché qu’il n’a pas commis, et en échange il a reçu un crachat dans la gueule !
Le Premier ministre Erdogan ne cesse de nous harceler, de nous mépriser publiquement et de faire de fausses accusations contre nous. Il ne porte pas même un regard conciliant envers nous, bien que nous avons admis – tout en nous inclinant, comme si nous étions accusés dans un procès public – que nous étions responsables de l’affaire de Marmara.
« Je ne crois pas que Erdogan va continuer à attaquer Israël comme il le faisait avant, » disait le conseiller de sécurité nationale Yaakov Amidror à Channel, la nuit des excuses, mais Erdogan a continué. Dès qu’il a reçu les excuses, Erdogan a lancé un festival d’humiliations publiques, et la semaine dernière il nous a accusés d’être derrière le coup d’Etat en Egypte, une accusation qui a embarrassé même nos ennemis traditionnels .
Contrairement à ses engagements antérieurs, Ankara doit encore remettre en place son ambassadeur en Israël, et il bénéficie du retour des milliers de touristes israéliens qui sont en vacance à Antalya. À ce stade, la Turquie peut être considérée comme le pire ennemi d’Israël dans la région, après l’Iran.
Qu’est-ce que cela prouve? C’est en contraste avec le mantra familier, parfois il est plus important d’avoir raison que d’être sage. L’instinct israélien à sacrifier les valeurs et les actifs dans l’intérêt des bonnes relations avec les voisins est la raison de nos échecs. Netanyahu et Amidror ont renoncé à notre honneur pour le bien de la paix, mais à la fin nous avons été biaisé sans honneur ni paix.
Erdogan interprète leurs excuses comme un acte de faiblesse et a conclu qu’il peut continuer à nous attaquer. A présent, on ne peut qu’espérer que nous allons tirer quelques conclusions de notre propre erreur. Les excuses à la Turquie ne peuvent pas être retirées, mais nous pouvons encore prendre une position plus ferme en ce qui concerne le boycott européen des implantations. Par exemple, le gouvernement peut prendre une profonde respiration et déclarer sa non-intention de participer au programme Horizon2020 aussi longtemps que l’Europe continuera de vouloir interdire les projets israéliens en Judée-Samarie. L’Europe réfléchira à deux fois avant de déclarer un autre boycott. Elle peut même forcer Erdogan à repenser son attitude envers Israël.
Par Hagai Segal – Ynet –