Foued Mohamed-Aggad, identifié comme le troisième kamikaze du Bataclan, était un jeune homme « renfermé », « pieux » et « influençable », se souviennent plusieurs témoins l’ayant côtoyé à Wissembourg dans le nord de l’Alsace, où il a vécu chez sa mère avant de partir en Syrie.
Foued était parti en Syrie, comme les deux autres assaillants du Bataclan, Omar Ismaïl Mostefaï et Samy Amimour. Il s’y était rendu fin 2013 avec son frère et huit amis, dont plusieurs étaient issus du quartier sensible de la Meinau à Strasbourg.
Parmi ces dix jeunes, les frères Mourad et Yassine Boudjellal sont morts sur place dans les rangs du groupe jihadiste Etat islamique (EI) et sept sont rentrés en France où ils ont été interpellés en mai 2014. Seul Foued Mohamed-Aggad était resté sur place.
Jusqu’à son départ pour la Syrie, le jeune Alsacien habitait avec sa mère, ses deux soeurs et son frère dans un quartier HLM de Wissembourg, une ville de quelque 8.000 habitants à une soixantaine de km au nord de Strasbourg, tout près de la frontière allemande.
C’est à Steinseltz, un petit village à deux kilomètres de là, qu’il a passé son enfance avant de s’installer à Wissembourg, raconte le président d’un club de football local.
« Pour moi, c’est un gamin vraiment très gentil à la base, mais influençable, et je pense qu’il a eu à un moment une fréquentation qui l’a mené à ce qu’il a fait. Il n’avait pas un caractère de meneur », confie-t-il.
« Selon sa mère, c’était un garçon adorable, câlin, très aimant », raconte l’avocate de la famille, Françoise Cotta.
Un ami d’enfance de Foued, qui était en classe avec lui, se souvient avoir « fait les 400 coups avec lui ».
« Il fumait des joints, il se mettait des mines » (il se saoûlait), se souvient le jeune homme, pour qui seul « le lavage de cerveau » a pu faire de lui un kamikaze de l’EI.
« Très heureux » en Syrie
Le jeune homme, « assez renfermé », « était quand même assez pieux », raconte Christian, un ancien voisin de la cité HLM, qui raconte l’avoir vu se rendre en djellaba blanche à la mosquée.
« Pas trop costaud mais capable de quelque chose », il était aussi colérique: « Des fois, il tapait des crises, il tapait dans le mur et il cassait pas mal de choses », se souvient Christian.
Les parents de Foued vivaient séparés depuis de nombreuses années.
Son père, croisé par l’AFP devant la porte de son domicile de la banlieue strasbourgeoise, a affirmé qu’il ignorait jusqu’à mercredi que son fils comptait parmi les auteurs des attentats de Paris, assurant qu’il l’aurait « tué avant » s’il avait su ce qu’il préparait.
« Bien sûr que je suis surpris », a dit Saïd Mohamed-Aggad.
« Je l’ai appris comme vous, depuis minuit. Je savais qu’il était parti en Syrie, depuis deux ans, mais pas qu’il était revenu », a affirmé M. Mohamed-Aggad.
Saïd Mohamed-Aggad raconte que, lors de ses contacts téléphoniques depuis la Syrie, son fils Foued disait simplement « ça va, ça va », mais ne parlait pas de son engagement jihadiste. « Je lui ai dit reviens, il a dit non. Qu’est-ce que vous voulez que je fasse? »
« La mère a essayé de le récupérer, elle voulait partir là-bas au printemps 2015 mais personne ne l’a aidée, elle était toute seule, ce voyage était impossible », a précisé de son côté l’avocate de la famille, Me Cotta.
« Son frère a voulu rentrer car il dit ne plus avoir supporté la situation là-bas. Foued disait en revanche à sa mère qu’il était très heureux. Il s’était marié et venait d’avoir un enfant », a raconté Me Cotta.
(avec AFP)