Discours de Christian Estrosi ce dimanche 25 octobre à Marseille:
Jamais je ne cesserai de lutter contre la montée de l’antisémitisme en France !
Les terribles agressions d’hier nous rappellent, si nécessaire, que la liberté de culte en France doit être protégée.
J’ai rencontré cette après midi les communautés juives marseillaise, alpine, vauclusienne et varoise à l’initiative du CRIF Marseille Provence.
« C’est une joie réelle pour moi de vous rencontrer aujourd’hui, et je remercie les initiateurs de ce rendez-vous de l’Amitié. Car nous avons tant de choses à nous dire !
Vous écouter, être réunis ensembles me permet de prolonger les liens privilégiés, essentiels pour moi, que j’entretiens déjà avec la communauté juive niçoise, azuréenne et nationale.
De tous les rendez-vous qu’il me sera donné de vivre pendant cette période si importante pour notre destin régional, celui que nous avons aujourd’hui est l’un de ceux auxquels je prendrai le plus de plaisir personnel.
Les fêtes de Tichri, de Roch Ha Chana, Kippour, et Soukkhot ont été endeuillées par les violences en Israël dont nous apprenons chaque jour les nouveaux épisodes.
Je suis comme vous sur le qui-vive lorsque j’apprends que de nouveaux actes de terrorisme –attaques au couteau, voitures bélier, notamment – ont été commis dans ou autour de Jérusalem. Je sais combien le Premier Ministre Benjamen Netanyaou conserve son sang-froid, en véritable homme d’Etat, devant cette situation à bien des égards intenables, mais qu’Israël saura à nouveau surmonter.
Et je fais confiance à son sens de l’histoire, hérité de son père BenTsion Netanyaou, qui fut le secrétaire d’une des très grandes figures du sionisme, Zeev Jabotinsky, pour prendre les initiatives les plus opportunes.
Je souhaite comme vous que bien avant ‘Hanouka, le calme et la sécurité pour tous soient revenus. Avant une Paix juste, nous voudrions juste la Paix !
Je sais combien les communautés juives marseillaise, alpine, varoise et vauclusienne sont à la fois proches mais aussi différentes de celles qui, à Nice, Cannes et Menton apportent, comme les vôtres, tant à notre territoire.
Les liens que j’ai noués depuis mon entrée dans la vie publique, sont ceux de la sincérité, de la fraternité et de l’affection.
Je n’ai pas varié dans ce lien privilégié qui n’a cessé de se renforcer, et je ne changerai pas.
Je serai, comme je l’ai toujours été, attentif, réceptif à vos demandes que je sais liées, et je le comprends, à la sécurisation renforcée de tous les lieux communautaires.
Ce que j’ai réalisé à Nice en matière de vidéo-protection, de protections réalisées sur place, de subventionnements, je le ferai auprès de chacune des autres communautés juives au sein de la Région Provence Alpes-Côte d’Azur.
Cet engagement de ma part est accentué encore par la connaissance que j’ai des spécificités, que je suis prêt à enrichir à votre contact, des besoins en matière de vie dans les quartiers sensibles.
Je sais combien mon ami Daniel Sperling, aux côtés de Jean-Claude Gaudin, est proche de vous.
Les moyens de la Région devront être enfin mis à votre disposition pour seconder efficacement les efforts faits jusqu’ici par les autres collectivités.
C’est d’autant plus nécessaire que la majorité sortante a cédé à son extrême gauche et vous a lâchement abandonné !
Les superficies de notre Région et de l’Etat d’Israël sont comparables.
La Start Up Nation qu’est Israël m’est, vous le savez, particulièrement chère.
Je veux, à l’instar de ce que j’ai réalisé avec la Métropole Nice Côte d’Azur, mettre en œuvre un puissant partenariat économique, universitaire, médical et environnemental notamment, qui place l’innovation au cœur d’un projet partagé et permettant le développement d’une Région intelligente et la création d’emplois.
Quelques jours avant d’être à nouveau présent sur la Terre d’Israël en juin 2014, j’ai souhaité m’exprimer dans la presse israélienne afin de marquer mon engagement dans la lutte contre l’antijudaïsme, qui a gagné du terrain, et contre l’odieuse campagne internationale de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) qui sévit au plan international.
J’ai aussi, à cette occasion, réaffirmé par écrit ma volonté d’œuvrer pour le renforcement des partenariats technologiques et des échanges commerciaux avec les structures israéliennes. J’ai enfin réaffirmé mon attachement viscéral au Peuple juif dans son ensemble.
Ce déplacement, comme ceux que j’ai effectués cette année, a en effet constitué pour moi un indispensable acte de solidarité envers un Etat et une nation qui ne renoncent jamais, quelles que soient les épreuves de l’histoire.
J’ai voulu aussi m’associer au cri d’alarme devant la montée de cet antijudaïsme de plus en plus virulent qui sévit en Europe.
L’assassinat de quatre personnes dans l’Hyper Cacher de Vincennes s’inscrit dans la continuité de la lâcheté dont a fait preuve le tireur qui, le 24 mai 2014, a fait irruption dans le bâtiment du Musée juif de Bruxelles, tuant quatre personnes. Ces actes rejoignent dans l’abjection et l’abomination celui qui, le 19 mars 2012, s’est produit dans l’école Ozar Ha Thora de Toulouse, provoquant la mort d’un adulte et de trois enfants : des assassins surarmés détruisent lâchement les vies de victimes désarmées et innocentes.
Ils rattachent leur action criminelle à celle des bourreaux d’Ilan Halimi, le premier Juif, lui aussi désarmé, à avoir été enlevé, torturé et tué en France depuis la seconde guerre mondiale.
Comment peut-on rester, ou devenir, judéophobe après Auschwitz ?
La question était encore impensable à la fin d’un vingtième siècle fracturé par la pire des barbaries dont l’homme a pu être capable, la Shoah.
La réponse est désormais connue : en étant antisioniste.
Que ceux qui alimentent chaque jour, dans les médias ou au cours de leurs interventions et de leurs « spectacles » cette haine du Peuple d’Israël mesurent la responsabilité lourde de conséquences qu’ils endossent dans chaque meurtre, attentat et agression d’un Juif.
Je me suis ainsi opposé et m’opposerai avec force à la venue sur le territoire de Nice Côte d’Azur de messieurs Dieudonné M’Bala M’Bala et Soral, que l’écrivain Jacques Tarnéro inclut à juste titre dans « la nébuleuse paranoïaque et antijuive ».
A l’inverse, j’ai veillé à ce qu’une avant-première de l’excellent film d’Alexandre Arcady, intitulé 24 jours, la Vérité sur l’affaire Ilan Halimi, ait lieu à Nice en présence de personnalités des trois confessions monothéistes.
Et je veux le remercier de m’avoir témoigné une nouvelle fois son amitié en rejoignant mon Comité de soutien.
Si j’ai déclaré publiquement, lors de l’allumage de ‘Hanouka 5774, que je suis un Juif de cœur, je dois ajouter ici qu’Israël est, après la France, ma seconde passion nationale.
A ceux qui, en particulier dans les milieux scientifiques, intellectuels et commerciaux soutiennent sans discernement la campagne de boycott contre Israël, je veux dire qu’ils se complaisent dans une double illusion qui est un double mensonge.
Ils ne nuisent pas à l’Etat juif, qui saura une nouvelle fois faire face et se renforcer, mais à la paix.
De plus, les assassins et les terroristes qui prônent le meurtre du Juif sont ravis de ce soutien aussi inattendu qu’inespéré. Ils légitiment sans toujours s’en rendre compte un climat de dénigrement et de violence dont certains profitent pour multiplier leurs actes criminels.
Enfin, je veux souligner ici que l’appel au boycott est discriminatoire au regard du droit français puisqu’il entrave l’exercice normal d’une activité économique ou culturelle d’origine israélienne.
Que les initiateurs et les relais de la campagne BDS sachent que la haine d’Israël est toujours proportionnelle à la baisse de l’intelligence et de la raison.
Voici pourquoi j’attache une si grande importance au maintien et à la transmission de la Mémoire, nécessaire rempart contre l’oubli des victimes et la banalisation de l’antijudaïsme, qui suscite tant de tristes vocations.
L’une de mes premières décisions prises en ma qualité de Président du Conseil général des Alpes-Maritimes, il y a un peu plus de dix ans, fut de permettre à douze mille collégiens, des dizaines d’enseignants ainsi qu’aux autorités civiles et religieuses de se rendre sur le site d’Auschwitz-Birkenau et de mesurer sur place ce que fut concrètement la volonté nazie de détruire un peuple.
J’ai de plus initié, avec Alpes-Maritimes Fraternité, un dialogue permanent entre les représentants des trois religions monothéistes, afin de coordonner nos actions contre l’antisémitisme et le racisme, faire face ensemble à toutes les périodes de tension et transmettre aux jeunes générations le besoin du respect mutuel, qui doit se reconstruire sur le territoire de la République française.
En tant que Maire de Nice, j’ai également tenu à ériger un Mur des Justes parmi les nations, le 27 janvier dernier, date anniversaire de la libération de ce même camp d’extermination, car ces Justes ont su protéger et héberger, au péril de leur existence, la vie de Juifs en danger et les sauver d’une mort certaine.
J’ai également dévoilé une plaque commémorative au sein de chacune des écoles de Nice dont des élèves juifs avaient été déportés et assassinés.
Je m’insurge en conséquence contre cette perversité de l’esprit qui consiste aujourd’hui à tenter de faire passer les victimes pour des bourreaux et à présenter l’Etat d’Israël comme mettant en œuvre un « apartheid ».
Je réaffirme ici qu’Israël est pleinement un Etat de droit, dont les tribunaux luttent efficacement contre toute forme de discrimination et dont la minorité arabe israélienne participe réellement au processus politique.
S’il est bien une leçon que transmet Israël au monde, c’est qu’un Etat de droit, précisément, doit protéger efficacement la démocratie en son sein et ne jamais rester sans défense.
C’est la raison pour laquelle je crois indispensable que l’Union Européenne, la France et notre Région renforcent également leurs partenariats technologiques et leurs échanges commerciaux avec Israël.
A l’heure où l’un des géants mondiaux des puces informatiques va réaliser l’un des plus gros investissements de l’histoire d’Israël, je considère qu’il serait inconséquent de se tenir éloigné de ce pays ami, particulièrement en avance dans le domaine de la haute technologie.
En qualité de ministre de l’Industrie d’un autre gouvernement français, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, j’ai encouragé l’essor de l’économie régionale par la promotion et la réalisation d’infrastructures pérennes, parmi lesquelles le Parc Industriel de Bethléem, impulsé en 2009, ainsi que le projet de voiture électrique Better Place et la signature d’un accord de coopération dans les domaines des Télécoms et de la fibre optique.
J’attache, en effet, une importance de premier plan au resserrement de nos relations bilatérales dans nombre de secteurs de pointe.
En témoignent, notamment, les partenariats conclus entre l’Hôpital Hadassah de Jérusalem et le Centre Hospitalier Universitaire, ainsi qu’entre l’Université Hébraïque de Jérusalem et l’Université de Nice-Sophia Antipolis. De même, je soutiens l’entrée d’Israël, dont vingt pour cent de la population parlent le français, au sein de l’Organisation Internationale de la Francophonie, car le nombre de locuteurs de notre langue aura triplé d’ici à 2060, créant une situation sans équivalent et construisant chaque jour davantage à une union culturelle et économique tournée vers l’avenir.
La politique Euro Méditerranéenne va également constituer un des axes forts de la nouvelle mandature au sein de notre Région.
Membre actif du Groupe d’amitié France-Israël à l’Assemblée nationale, Docteur Honoris Causa de l’Université de Haïfa depuis juin 2011 et également titulaire du diplôme Honoris Causa du Collège Académique de Netanya, j’ai agi pour que plusieurs cités israéliennes et l’Union des Collectivités locales d’Israël rejoignent le Réseau des Villes EuroMed, que je préside.
Je veux ainsi faire de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur un carrefour de paix pour les peuples de la Méditerranée, un trait d’union entre les deux rives, visant à renforcer des stratégies de développement urbain durable, adapté à l’environnement méditerranéen, ainsi que favorisant l’émergence de partenariats et d’échanges d’expertises.
Depuis mon élection aux fonctions de Maire de Nice, ces échanges entre la capitale azuréenne et Israël se sont considérablement développées et se traduisent par le resserrement des liens de coopération et d’amitié profonde avec la ville jumelée de Netanya, communiant dans cette même culture méditerranéenne.
En témoignage de notre lien inaliénable, j’ai inauguré, voici un an et demi, une allée Netanya, en présence du maire de cette ville sœur, Miriam Fieberg Ikar, au cœur de la nouvelle Promenade du Paillon. Elle se situe ainsi à proximité immédiate du Square Ytzhak Rabin. C’est aussi dans le sillage de cette osmose que se sont tenus, à Nice, ces dernières années deux colloques :
-le premier intitulé Mare Nostrum : un projet pour demain, autour des problématiques de développement durable, d’énergies renouvelables et d’actions nécessaires pour préserver les ressources et l’écosystème méditerranéen,
-et le second sur l’Innovation en Méditerranée, qui a permis à des acteurs économiques palestiniens et israéliens de dialoguer.
Car si je considère que l’économie est seconde dans un processus de paix qui doit veiller avant tout au renforcement de la protection d’Israël, elle n’est pas pour autant secondaire.
Je déclare régulièrement devant toutes les instances que le devoir de la France est de soutenir Israël et de s’opposer à tous ceux qui menacent sa sécurité ou appellent à sa destruction.
Il en est de même s’agissant de la protection des Juifs de France car chaque attentat, chaque agression, chaque insulte constitue, de fait, une atteinte intolérable à la République.
De même, j’ai apposé au fronton de la mairie de Nice le portrait géant du soldat franco-israélien Guillad Shalit dès le mois de décembre 2008 et ne l’ai décroché que le 18 octobre 2011, d’un geste commun avec le Président Nicolas Sarkozy, une fois sa libération effective.
Chaque anniversaire de l’Etat d’Israël, chaque Yom Hazikaron et Yom Hatsmaout sont commémorés à Nice, à ma demande, en présence des pouvoirs publics.
Et je veux rendre ici un hommage à mon ami si cher Charles Gottlieb, disparu le jour du 70ème anniversaire de la Paix retrouvée en Europe: j’ai tenu à ce qu’il me remette mon écharpe de Maire lors de ma réélection de 2014.
Cet homme de devoir a, aussi longtemps que ses forces le lui ont permis, participé aux Voyages de la Mémoire et rappelé l’horreur du crime nazi. Son émotion en entrant à nouveau dans le camp d’Auschwitz, le 18 décembre 2003, est restée gravée en moi, et il en est de même pour celle d’Ida Kugler, la sœur d’Elie Wiesel, qui n’a pu pénétrer dans la baraque réservée aux femmes où elle avait tant souffert du froid, de la faim et de la promiscuité imposée.
Face à la mécanique inacceptable qu’est la judéophobie, il est impératif que des élus de la République française et d’autres pays s’engagent et fassent rempart pour protéger les Juifs et soutenir Israël. Je suis et serai toujours de ceux-là.
C’est la raison pour laquelle je m’honore du soutien d’une femme et d’un homme pour lesquels j’éprouve un immense respect et une profonde affection, mes amis Beate et Serge Klarsfeld.
Notre présence conjointe aux Camp des Milles, voici un mois et demi, dans ce qui fut le plus grand camp d’internement du Sud-Est lors du dernier conflit mondial, témoigne si besoin était, de nos valeurs partagées.
Le Front national et les formations qui lui sont rattachées de façon plus ou moins opaque n’ont pas changé de nature.
La présentation rénovée de ses têtes de listes ne doit pas cacher la permanence des idées de haine et de division.
Vous et moi n’avons rien de commun avec un programme dont l’irresponsabilité économique suffit à le discréditer.
Notre Région mérite mieux que la dangereuse démagogie dont on veut nous abreuver. Ensemble, bâtissons ce qu’il y a de meilleur pour Provence Alpes-Côte d’Azur, afin de renforcer notre République et notre Pays.
Au moment où se clôturera le vote du premier tour de ces élections régionales, la première bougie de ‘Hanouka sera allumée.
Que la lumière de la petite fiole, qui dura huit jours, éclaire toutes les consciences et que chacune, chacun, mesure alors la responsabilité qui est la sienne dans le devenir immédiat de notre Région et, au-delà, de notre Nation. »
Christian Estrosi