Le premier adjoint de la mairie UDI de Bobigny Mr Barthomé et l’un de ces collaborateurs (Seine-Saint-Denis) ont été condamnés jeudi à un stage de citoyenneté pour des « violences en réunion » exercées sur une autre élue de la ville.
Absents lors du délibéré au tribunal correctionnel de Bobigny, Christian Bartholmé, 61 ans, et son collaborateur devront également verser 10.000 euros d’indemnisation à leur victime, pour cette affaire qui agite l’ancien bastion communiste depuis la victoire surprise d’une alliance entre les centristes et des habitants des quartiers.
Le 8 juillet 2014 au soir, quatre mois après l’arrivée de la nouvelle équipe municipale, ces deux proches du numéro un de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde, avaient convoqué Sabrina Saïdi, alors maire adjointe chargée de la petite enfance. Ils l’accusaient d’avoir rédigé et distribué dans les boîtes aux lettres d’une cité de la commune un tract mettant en cause une cadre municipale, Lynda Benakouche.
Le tract, anonyme, reprochait à la nouvelle municipalité l’embauche de Mme Benakouche, condamnée pour l’agression d’une femme enceinte et mariée à un membre du « gang des barbares » impliqué dans l’assassinat d’Ilan Halimi.
Sabrina Saïdi, qui se savait soupçonnée, avait pris la précaution d’emporter un dictaphone. Elle enregistrera l’intégralité de ce violent interrogatoire de près de deux heures, ponctué d’insultes et de menaces telles que « Ferme ta gueule » ou encore « Tu crois que tu parles à qui? Y’a personne qui me parle comme ça dans cette ville! »
L’enregistrement avait été diffusé lors de l’audience tenue en septembre 2015, et lors de laquelle le procureur avait requis la condamnation des deux hommes.
Mme Benakouche, qui poursuivait par ailleurs Sabrina Saïdi en diffamation pour ce tract, a été déboutée jeudi de ses poursuites par le tribunal correctionnel, qui avait joint les deux affaires.
« Je ne suis pas l’auteure de ce tract, comme je le dis depuis le début. Mais cette fois, c’est la justice qui le dit », s’est réjouie Sabrina Saïdi à la sortie du tribunal, très soulagée d’avoir « obtenu justice après deux années de menaces et de tension ».
« Il faut souligner la dimension symbolique de ce stage de citoyenneté », a déclaré son avocat, Me Lef Forster: « Ce n’est pas une mauvaise idée pour qui prétend faire de la politique ».
Les deux condamnés ont dix jours pour interjeter appel.
La condamnation ne passe pourtant pas inaperçue. L’opposition compte bien obliger le maire (UDI) Stéphane de Paoli « à tirer toutes les conclusions qui s’imposent ». « Cette situation est gênante pour l’image d’une ville, surtout pour une affaire aussi sordide, lâche Abdel Sadi, élu PC. C’est compliqué d’aller expliquer aux jeunes qu’ils ne peuvent pas trouver de boulot car ils ont un casier judiciaire. » Contacté, le maire de Bobigny était, hier après-midi, injoignable pour cause de « déplacement toute la journée à l’extérieur » selon son cabinet.